Paul Chevallier

Derrière l’apparente simplicité, ce sens inné du mouvement et l’ambiance crayonnée aussi apaisante qu’efficace se trouve Paul Chevallier, un auteur illustrateur qui porte
merveilleusement bien son nom. Un nom à raconter des histoires aux enfants avec un univers graphique original et une manière de s’adresser à ces jeunes lecteurs avec justesse et humour comme des personnes à part entière, en les prenant tout simplement au sérieux.

Enfant, Paul explore le monde fascinant de Claude Ponti entre humour, poésie, rêve et épreuves initiatiques : ses lectures tiennent une place importante et influencent ses choix de vie et ses goûts esthétiques.
La transmission de l’art passe par sa maman, graphiste et par son ouverture d’esprit. Au collège, il dessine pour surmonter l’ennui. D’un gribouillage au coin d’une feuille, le dessin prend très vite de plus en plus de place. Après un baccalauréat littéraire, il décide de perfectionner sa technique en écoles préparatoires aux ateliers de Sèvres d’abord puis à l’EPSAA de Paris.
C’est à l’École Renoir qu’il affine et impose son style.
Paul jongle avec des formes géométriques, il divertit avec ces personnages tout en rondeur sans identité, non genrés maniant le mouvement à la perfection.
Passionné de jeux vidéo et des pixels notamment Machinarium, il s’approprie les codes pour mieux les déjouer. Il s’empare de l’esthétique qui lui est familier mais y apporte toujours sa touche personnelle …

Mécanisme bien rodé qu’il applique ingénieusement dans son processus créatif. Le cultissime dessin animé, Les Shadoks, devient, par exemple, une référence graphique, humoristique, rythmique et narrative. Cette liberté de ton lui permet d’oser, de s’affranchir de contraintes visuelles et de normes graphiques. L’absence de texte n’enlève en rien la puissance narrative, le scénario se construit uniquement par l’image, laissant libre court à notre imagination.
Son univers ludique prend des formes variées : dans l’édition avec des projets en bande dessinée d’abord, puis la céramique qu’il apprend en autodidacte.
Il y a une profondeur qui émane de ses créations. Curieux, véritable touche à tout, lire Paul est un moyen formidable de circuler entre les cultures et le temps, entre le réel et le rêve, entre le merveilleux et l’absurde.

Son illustration « Préparatifs » en est bien le plus bel exemple. Son travail remarquable de coloration, cette scène drôlissime associée à un jeu de construction maîtrisé et minimaliste amènent de la gaité, du réconfort et des bouffées d’air, à mettre impérativement entre toutes les mains, enfants comme adultes !